
Tirer et blesser par balle quatre élèves dont deux grièvement est une responsabilité que personne ne souhaite endosser. C’est justement ce qui ressort du face-à-face entre des enquêteurs, commis par le ministre de l’Intérieur, le sous-préfet de Djirédji et deux policiers supposés impliqués dans cette affaire de fusillade dans l’espace scolaire à Sédhiou.
Le ministère de l’Intérieur veut en savoir plus sur cette scène de violence consécutive à une grève des potaches déclenchée ce mercredi 11 décembre et qui a dégénéré ce vendredi. Les fouineurs ont fait face à des présumés auteurs qui s’en lavent les mains en s’accusant mutuellement. «Ce n’est pas moi qui ai donné l’ordre de tirer», se serait dédouané le sous-préfet, la main sur le cœur.
La soixantaine révolue, Adama Thiaw qui est à la tête de cette jeune sous-préfecture depuis septembre 2008 porte un doigt accusateur sur deux policiers qui étaient de garde ce vendredi.
Mais ceux-ci ne l’entendent pas de cette oreille. «Nous sommes là pour vous», s’est défendu l’un des policiers qui, dans ses explications, aurait fait comprendre qu’ils n’ont pas agi de leur propre chef. Pour preuve, «nous ne disposons même pas du numéro d’appel du Principal», balance le policier en chef.
Cette séance de dénégations et d’accusations mutuelles rend la tâche difficile aux enquêteurs du ministère de l’Intérieur. L’une des victimes pourrait être transférée à Dakar.
Si l’on en croit des sources proches du dossier, l’état de santé des deux élèves grièvement atteints par des balles réelles reste dégradant. Ils souffrent de fractures ouvertes, l’un au bras et l’autre à la cuisse.
Il s’agit respectivement de Abdoulaye Kawara élève en classe de 3e C et originaire de Karantaba, un village de la communauté rurale de Djirédji et de F. Sadio. Ce dernier est originaire du village de Thinthinkrou.
Elève en classe de 6ème, F. Sadio a reçu les plombs au niveau de la cuisse.
«La proximité de la blessure avec les parties intimes» rendrait le traitement de la fracture assez complexe pour les toubibs de l’Hôpital régional de Ziguinchor où sont évacués les deux blessés, faute de radiologie à Sédhiou. Fidèle, si l’on en croit des proches, pourrait être évacué à Dakar. Son état de santé inquiète et «ses proches craignent une amputation», confie notre source.
L’Ia de Sédhiou en réunion de crise à Djirédji
En compagnie de l’Inspecteur départemental de l’éducation, El hadji Cissé, du président de l’Association régionale des parents d’élèves, entre autres, l’Inspecteur d’académie de Sédhiou a présidé une réunion de crise à Djirédji. Cette réunion, à laquelle ont pris part le Pcr de Djirédji, l’imam ratib et quelques notables du village, les représentant du corps enseignant et des élèves, s’est tenue dans l’enceinte de la maison communautaire de Djirédji, ce dimanche. La rencontre, qui a duré plus de trois heures, donne l’occasion aux différents acteurs d’analyser la situation en vue de trouver une solution définitive.
Après un exposé de la situation, des solutions concrètes son proposées. La Senelec est disposée enfin à répondre favorablement à la demande d’électrification de l’école introduite depuis longtemps. Pour cela, des formalités d’attribution du courant ont été remplies en présence des délégués des élèves.
En ce qui concerne l’adduction en eau potable, l’Ape s’est engagée à creuser un puits. Pour ce qui est du déficit des professeurs, de nouveaux sont attendus les prochains jours à Sédhiou, ceux de Djirédji s’engageant à dispenser des cours dans les disciplines concernées.
Considérant que leur plateforme revendication est satisfaite, les élèves son invités à reprendre les cours ce lundi. Toutefois, un compte-rendu à leurs camarades est nécessaire. Dès lors, cette Assemblée générale de restitution est fortement attendue. De sa réussite dépend la suite de ce qui est considéré comme l’affaire des fusillades de Djirédji.
- Écrit par Ousmane DEMBA
Correspondant
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