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Le mandat du canard boiteux

C’est connu, c’est le Président de la République qui est le Maître du jeu et des horloges et voilà pourquoi Macky Sall vient d’administrer la preuve qu’il est le seul qui soit en mesure de faire la pluie et le beau temps sous nos cieux. Après avoir enrôlé une bonne partie de la classe politique dans un dialogue national qui va les embourber pour longtemps, il décide tout bonnement de s’octroyer quelques jours de villégiature en Arabie Saoudite pour les besoins de sa « oumara » de fin de ramadan. Manifestement, son second mandat et ultime magistère au sommet de l’Etat paraissent s’inscrire sur de bons rails.

En effet, avec un ancien ministre de l’Intérieur et des Finances, Famara Ibrahima Sagna et un ancien Général, Mamadou Niang, ayant été lui aussi Ministre de l’Intérieur, le Président Sall a trouvé de bons profils pour surveiller et veiller au grain sur tout ce beau monde si agité et tortueux qu’est la classe politique nationale.

Il n’y a donc aucune raison de penser que ce dialogue (de sourds) va déborder du cadre dans lequel son initiateur a voulu le circonscrire. A savoir privilégier l’Economie et la Sécurité sur les aspects politiciens même si certains participants piaffent d’impatience d’aborder des sujets comme le parrainage, le financement des partis, le processus électoral, etc. comme ils l’ont manifesté dans leur discours lors de l’ouverture.

L’Histoire contemporaine nous enseigne que l’évolution démocratique venue avec la limitation des mandats présidentiels qui a l’avantage d’instaurer l’alternance et la respiration démocratique dans tous les pays où cela est appliqué, contient aussi une certaine forme de malédiction. Celle-ci est appelée la malédiction dite « du canard boiteux » aux Usa, lors du second mandat.

Ce qui se traduit par une érosion à petit feu de son autorité et qui conduit à une perte de pouvoir plus ou moins prégnante lors de la seconde partie de ce 2nd mandat.

Cela s’accentue sérieusement à partir de la seconde moitié du deuxième mandat où le Président qui prépare sa sortie perd une partie de son autorité et de son pouvoir, malgré les moyens de l’Etat encore entre ses mains.

Ses plus proches collaborateurs commencent à lui désobéir en manifestant des opinions différentes, des luttes de positionnement dans son parti afin d’être hissé sur une posture de dauphin et une affirmation de nouveau leadership de succession dans tous les segments du pays pour s’offrir comme alternative à sa succession.

Syndrome ou malédiction, cela a frappé Jacques Chirac en France, Bill Clinton aux Etats-Unis et dans le passé, n’a pas épargné sur notre continent des pays comme le Kenya avec Daniel Arap Moï, ou le Bénin avec Yayi Boni ou le Nigéria avec Olusegun Obassanjo.

Le Président Ould Abdel Aziz en Mauritanie et celui du Niger Mahamadou Issoufou, tout en subissant les affres de cette malédiction du canard boiteux, ont refusé de céder aux sirènes des thuriféraires du 3e mandat en se conformant à la loi de leur pays qui limite le mandat présidentiel à deux.

Ce qui ne semble pas être le cas de Alpha Condé en Guinée et Alassane Ouattara en Côte d’Ivoire qui eux, sont taraudés par la tentation du 3e mandat malgré tous les risques de déstabilisation que cela fait peser sur leur pays.

Avec le dialogue national, Macky Sall a-t-il trouvé un antidote ou une panacée pour échapper à la fois à la malédiction du 2e mandat et au syndrome du 3e mandat en ne perdant ni son Autorité, ni la face?

ABD

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